30 juin 2009

Pot aux roses à Solidays

par

Samedi 27 juin 2009, 18h00. Festival Solidays à l'hippodrome de Longchamp. Grosse chaleur et gros son. Je sors du concert des canadiens de Creature en terminant mon kebab et pénètre dans la réserve aux privilégiés à bracelets rouges.

" - Backstage pass ! "

Tapissé de canisse, l'oasis et ses tentes baignent dans une indolente béatitude. La vie s'y déroule sans tensions, à coup de "pop" de bouchons de Chardonnay et nappée des échos de basses mêlées des performances de Louise-Attaque et des Blérots de R.A.V.E.L se déchainant sur leurs scènes respectives à 100 mètres de là.

Je suis invité avec d'autres blogueurs de gauche-gauche, gauche, pas à droite, centre-gauche et Nickcarraway pour une rencontre informelle avec Jean-Paul Huchon, président PS de la région Ile-de-France qui est le soutien financier principal du festival.[1]

Notre présence ici est l'indicateur que la campagne de 2010 a déjà commencé. De l'avis des intéressés, elle s'annonce violente.

Amis du PS, l'heure est grave : Avec l'anti-pub solférinesque, votre parti
a un risque non-négligeable d'être corrigé aux régionales et d'abandonner quelques bastions sur lesquels il appuie encore sa légitimité pour prétendre, un jour, reprendre le pouvoir.

Pour le portrait,
avec sa bière et son cigarillo, Jean-Paul Huchon est un personnage forcément sympathique. Sans présidentielles dans le collimateur, ça change.

" - La région : Tout le monde en voit les effets mais personne ne sait que nous en sommes responsables. [...] On fait de gros efforts mais les gens ne s'en rendent pas compte."

Pour la politique locale, je sais ce que c’est qu’une région dirigée par la droite donc il n’a pas besoin de me convertir.

Sur les perspectives nationales du PS, on est d'accord : Je l'ai écrit et répété, barre à gauche pour les socialos ou next stop : Total annihilation.

D'autant plus tragi-comique que, jamais depuis le début du siècle dernier, le besoin d'un vrai discours de gauche crédible ne s'est autant fait sentir dans ce pays où la solidarité s'étiole et les acquis sociaux passent un à un au rouleau-compresseur des cons killers de la 'com.


Tandis que sous la tente j'aperçois Stéphane Plazza entrain de home-stager le buffet garni et ses soupières de sangria, me passe par la tête qu'effectivement, si je sondais mon entourage d'endoctrinés M6 franciliens de moins de 40 ans les deux-tiers d'entre eux me répondraient :

" - Jean-Paul Huchon qui c'est ? "
" - Ah bon la région est à gauche ? "
" - C'est quoi la gauche ? Connais pas. Dans le doute, je fais comme mes parents, je vote UMP. "

Retour à l'apéro :


"- On a trop fait d'anti-sarkozysme." Déplore JPH.

Et oui, il reste au PS un champ des possibles qu’il s’évertue à ne pas regarder, un concept tout bête et 100% bio qui parfois peut même voter : Les victimes (un jour ou l'autre) des décisions du monarque. On les appelle aussi : La majorité des français.

Tandis que du jeune précaire au quinqua black listé, on se résigne amer à devenir la donnée variable d'exploitation d'un occident en plein processus décomplexé de tiers-mondisation sociale, les pontes du PS, devant micros et caméras, se cantonnent à pérorer sur des luttes intestines qui n'intéressent qu'eux.

Ici, pas de micro pas de caméras. Enfin presque pas.

" - Les valeurs du socialisme sont plus que jamais d'actualité. [...] Il faut ré-insuffler le sens du collectif." lance JPH.

Avant de préciser :

« - On devrait être plus dur en interne avec les gens qui ne sont pas de gauche. Et pas dans 6 mois ! Maintenant ! »

J'approuve. Mais les baffes de 2002, 2005, 2007 et 2009 n'ont pas l'air d'avoir fait passer le message.

Je me roule une cigarette. C'est compliqué avec ce temps lourd, mes feuilles sont trempées. JPH enchaîne avec un florilège de touches impressionnistes au gant de boxe sur le congrès de Reims[2] au point que je n'arrive même plus à les noter sur mes papiers collés.

Au terme de la discussion, le président de région nous salue et nous invite à se revoir à la rentrée. En le regardant rejoindre le constitutionnel sous le tambourinage audio des sound-system, je pense à ce jour utopique, qui serait quand même efficace histoire de contrer concrètement l'autocratie en place, où ceux en train de pogoter derrière les canisses en hurlant "Politic Kills !"[3] et quelques têtes du socialisme, prêtes à se sacrifier en interne, parleront la même langue.

Ce soir, on en est pas loin. Mais ce soir, c'est la fête de la solidarité et nous sommes tous des VIP.

Et Merde, Plazza est parti. J'aurai pas ma photo pour le blog.

[1] Région Ile de France : Un tiers de la population nationale et presque 5 milliards de budget annuel : Y a de quoi s'occuper.

[2] Bonus cinéma : Le congrès de Reims vu par Jean-Paul Huchon :


[3] Petits arrangements avec la programmation : Manu Chao passe le lendemain.

28 juin 2009

Investissez dans la carcéro-technologie !

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Un gouvernement moderne comme le nôtre se doit d'avoir une vision d'avenir.

Il discute donc ce dimanche[1]
des priorités dans la dépense de cet argent qu'il n'a pas encore empoché : Le tien.

Samedi matin sur la moderne Europe 1, le moderne Jean-Marie Bockel (secrétaire d'État auprès de MAM, nouvelle garde des Sceaux) a bien une petite idée révolutionnaire dont il est fier : Yaka construire des prisons !

"Prêtez-nous plus pour vous enfermer mieux.
"

Serait-ce le slogan marketing du grand emprunt national ?

Alors avec tout ce pognon populaire injecté, la France de demain ce sera quoi ? Nano-technologie, université libre et déconnectée des impératifs du marché, tunnel sous la méditerranée, ferroutage, sanctuarisation de la médecine, souci du plus faible et Arte pour tous ?

Non, non ce sera un bon gros Alcatraz privatisé avec cellules déclinées en gamme du VIP à l'Etap Hotel.[2]
En période de montée de la précarité, et face à un avenir de plus en plus incertain dans le secteur de l'envoi de CV et de la paye de son loyer, cela peut faire rêver ceux d'entre nous aux plus bas budgets.

Certes, on juge de la qualité d'une démocratie à sa façon de traiter ses criminels (ou présumés coupables ou carrément innocents, la ligne devenant de plus en plus floue) et les prisons ont un sérieux besoin de lifting mais je m'interroge sur la nécessité comptable de demander une contribution aux français pour une question ne résultant que d'une mauvaise gestion volontaire de l'argent public, et de confier la direction du chantier à Mam !

De l'argent a déjà été donné. Rien ou si peu, n'est fait. Bien peu de respect pour l'humain dans nos prisons dans les faits. Dans la conscience populaire, trop souvent de droite, le prisonnier est là pour subir, au jour le jour, une lente torture bien méritée. Éducation, école, police, haut sommet de l'état : ce sont les cerveaux qu'il faut rénover et ce bien avant d'en arriver aux portes du pénitencier.

Avec l'appui d'une police enivrée par cette prévenance gouvernementale et quelques réamènagements de la justice, j'imagine qu'une fois que le nombre de places sera jugé "suffisant", il importera "de me remplir tout ça !" à tout prix et à toute peine.

Lisons entre les lignes de l'annonce de Bockel. Premièrement,
en pleine crise de l'immobilier, il y a des chantiers qui ne se refusent pas : Ceux financés par l'état. Sans parler des concessions attenantes (restauration, personnel...) dont il faudra scruter attentivement à qui elles sont attribuées.

Deuxièmement, lecteur énervé de gauche, saches que le souscripteur avec argent à investir donc vraisemblablement de droite, lui, le décode très bien l'appel de Bockel. Q
uand un sbire dépendant de MAM, elle-même marionnette de son monarque, lui dit un samedi matin sur une radio bien comme il faut un truc du genre "notre société doit augmenter le nombre de ses prisons pour le bien des détenus", dans une optique préélectorale avec montée des contestations, possibilité de fort chahut social et danger diffus pour son petit pavillon des certitudes, il entend "nous allons multiplier le nombre de détenus pour le bien de votre société".

Il l'entend ça l'électeur de droite. Et ça le motive pour donner. C'est son côté humaniste à lui.


[1] parce que c'est un gouvernement moderne qui sacrifiera un dimanche au soleil pour notre bien collectif, ingrat de privilégié d'inutile qui passe tes journées à me lire.

[2] Il y aura également des établissements spécialisés, à part, non pas "psychiatriques" pour ceux en grande détresse mais pour les délinquants de la route (vu sur M6) qui ne sont pas des criminels comme les autres vu qu'ils vont bientot ressortir et racheter des voitures.

26 juin 2009

He was bad

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25.06.09 23h45. Je reviens du pot Marianne 2. Prince à fond dans l'Heil-Pod. Une reprise, Come Together*. Il fait trop chaud. Crochet par les quais. Deux ados belges m'arrêtent devant une péniche d'école de commerce qui tape sa soirée disco avec nerds sarkozystes en costards incorporés.

1er ADO
Hey M'sieur vous savez que Michael Jackson est mort ?

2e ADO
Oui mon frère est à Bruxelles. Ils l'ont dit sur Sky News et BBC World.

SEB MUSSET
Ça me ferait bien ch... d'avoir raison mais j'ai dit à ma copine que jamais il ne jouerait cet été à Londres.

Je repars de là bien refroidi. Reste gravée la pochette de Thriller avec son bambi noir en tuxedo blanc sous filtre ouaté. Finalement Prince aura gagné la guerre, par forfait.

Tu t'en fous mais ce soir j'entre dans la deuxième partie de ma vie.



* titre des Beatles appartenant à Michael Jackson.

25 juin 2009

Etoiles et toile

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BFM live, 23 juin. Prévu à 20h, le remaniement ministériel aura lieu à 20h20. Durant un quart d'heure, comme l'envoyé spécial de la chaîne n’a rien d'autre à présenter qu'un pupitre vide sur le perron de l'Élysée, il demande à son caméraman de filmer... les autres caméras, qui font de même. Pathétique mise en abyme : D'une chaîne de non-information à l'autre, le vide se regarde et le web, si révolutionnaire, accompagne le non-mouvement*.

Créer l'attente, faire monter la pression : Pipeau-lisation de l'actu plate et syndrome du tapis rouge. Le monarque n'a rien à faire désirer alors avec la naïve complicité des chaines d'actu, il fait de ce tour de farce un remake outdoor des césars.

Quel remaniement ministériel ? Colère-man à l’éducation ? Ghostbuster à la solidarité ? Le logement réduit à un secrétariat ? Tandis qu'Hortefeux (rien trouvé de drôle) à l'intérieur orientera, c'est certain, la police vers des perspectives plus délicates et humanistes. Elle en avait grand besoin.

Seul point positif, la disparition du secrétariat aux droits de l'homme. De la Burqa-phobie aux quotas de reconductions à la frontière, au moins la ligne éditoriale est claire.

Et que dire du kamikaze Frédéric Mitterrand qui, disposant d'un bon capital sympathie, signe pour se faire détester dans les 2 ans ? Il faut s'être tapé depuis une décennie les éditions du trombinoscope pour comprendre que le principal métier de nos people d'état est d'avoir, par tout temps et toute opposition, un mandat quelconque quelque part. Aux salaires et à la rente, s'ajoute parfois comme dans le cas du neveu néo-nervi, la gloire d'un moment où l'on se sent vraiment important.

Dommage pour Frédéric, atteint de la fièvre Dati provoquant chez le sujet excès de strass et hallucinations de paillettes, il oublie que dans cette monarchie, les ministres n’ont que deux fonctions : Flatter le roi et être décapités à sa place.

Un Guéant, un Gaisno, même un Lefebvre, ont bien plus de pouvoir que les paltoquets du 23 juin. Ils façonnent l’opinion sur le fond, en privilégiant la forme. Ceux-là sont toujours bien en place et y vont à fond dans la réforme. Pour toi, chair à pâté de quinquennat, bon client de torche-culs à potins de stars, rien ne change. Et tant que l'on parle d'eux, on ne parle pas de toi.

* live-blogging et autres échanges compulsifs de commentaires virtuels de moins de 140 caractères entre gens du même avis.

23 juin 2009

[video] Ne pas lâcher Karachi

par
Scoop J+4 et pas trop trop de buzz...

Un petit résumé en images animées avec du son dedans, de ce que j'ai capté des Retrocom' du président : Une affaire qui fait beaucoup de bruit...mais uniquement sur internet.



Très bon résumé de la situation par Luc Mandret et démontage du mécanisme chez Olivier Bonnet.

22 juin 2009

Puisque l'on vous dit que la presse a des problèmes

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Ce matin en une de Libération, cherchez l'erreur :

Ça sent déjà les vacances et la cargaison de nouveaux stagiaires à Libé... Merci à ceux qui ont repéré la coquille. Signé : Un pauvre blogueur qui n'a pas le budget quotidien pour s'offrir l'information des quotidiens payants.

20 juin 2009

Les retrocom' du président

par

Cette fois, la presse va devoir s'arrêter de papillonner d'une polémique à l'autre pour s'ancrer dans l'investigation et demander des comptes !

Le gouvernement anglais avait ses affaires de notes de frais,

Berlusconi avait ses photos-témoignages litigieux.

Ça y est, la France du tout-en-haut à enfin l'opportunité de faire son grand crapule-out : Notre nation tient enfin son scandale d’état !

Le pitch :
"Une affaire de retro commissions foireuses sur fond de trahison(s) qui finit dans le sang et qui implique un premier ministre et deux présidents."

Fin connaisseur du genre humain, le comité de rédaction limité à moi-même a décidé de reconstituer les grandes lignes de ce feuilleton plus foutraque que "Lost", plus cynique que "West Wing" et qui devrait faire un tabac dans vos quotidiens cet été : "The Karachi Connection".

Les noms des protagonistes ont été changés pour préserver l'anonymat des magouilleurs.

1er ACTE : JUIN 1994, MATIGNON. Le petit salon, INT.CLAIR-OBSCUR

(Nos protagonistes sont confiants.)

TECKEL TEIGNEUX, ministre du budget.
" - Monsieur Balablanc, j’mise sur vous. Vous serez le prochain parrain. On va le ratatiner aux élections le bouffeur de pommes. Aplati qui va être ! Dynamité façon puzzle ! "
EDDY BALABLANC
" - Certes, je l'entends ainsi. Mais il tient encore le parti. Alors il nous faut du pognon, beaucoup de pognon."

TECKEL TEIGNEUX (visant la promotion interne à la prochaine table ronde des affranchis)
" - J'ai pensé à tout M'sieur Balablanc. Y a de la vente de sous-marins à l'armée pakistanaise dans les tuyaux. C’est du juteux, on marge à 15% là-dessus. On monte une fiduciaire au Luxembourg et à nous les retro commissions ! J'pourrais mettre Jean-Loup ABORLOO là-dessus, un avocat spécialisé dans la carambouille de haute volée.
"

EDDY BALABLANC
" - Nous n’avons pas le temps d’attendre. Dites aux Pakistanais de nous avancer la valoche de biftons. Aucun risque de mon côté : Les huiles du Quai du Point-du-Jour me mangent dans la main. La partie est déjà gagnée."

TECKEL TEIGNEUX
" - M'sieur Balablanc, vous êtes le meilleur, le plus beau, un vrai wise-guy. Bien sur que vous allez gagner. Allez hop, on va tout casser !"


* * *

MAI 1995 : INTERMÈDE FÂCHEUX
Contre toute attente, EDDY BALABLANC perd la main et c'est JACQUOT LA POMME qui est promu parrain.

* * *

2e ACTE : JUIN 1995, ÉLYSÉE. Grand salon. INT.JOUR.
(Nos protagonistes sont galvanisés.)

DOM DE VIP, conseiller particulier aux affaires pourries du président
" - Bon y a cette histoire de commissions à régler aux pakistanais pour 3 sous-marins… Oserais-je vous rappeler que ce business a été monté par ce traître de TECKEL TEIGNEUX ? Oui je l'ose."


JACQUOT LA POMME

" - BALABLANC et LE TEIGNEUX ont voulu me niquer et je vais pas non plus payer pour les ardoises des anciens tauliers. Allez hop, on arrête d'arroser les pakos et je bloque la thune des judas. C'est le V de Vendetta que je fais avec mes doigts mon p'tit Dom."

* * *

3e ACTE : 2001, PAKISTAN, MINISTÈRE DE LA DÉFENSE. INT.NOCTURNE INDIEN
(Nos protagonistes sont mécontents.)

GENERAL 1
" - Les Français se moquent de nous ! On relance, on relance et toujours rien !
"

GENERAL 2

" - Il va falloir se faire entendre cette fois. Allez hop, frappons un grand coup !
"

* * *

4e ACTE : KARACHI, PAKISTAN, 8 MAI 2002, EXT.JOUR3 jours après la réélection (toujours contre toute attente) de JACQUOT LA POMME, attentat à la bombe contre un bus avec à son bord 11 ingénieurs français travaillant pour les arsenaux d'Etat DCN (dealer d'armes pour la nation quoi.)

Nos protagonistes sont morts.

Thèse alors dans l'air du temps : Ben Laden a encore frappé. L'attentat ne sera jamais revendiqué.

* * *

5e ACTE : 2009

La persévérance du caïd finit par payer, TECKEL TEIGNEUX est le nouveau parrain du bouclard depuis 2 ans.

19 juin : Dans la foulée de l'annonce aux familles des victimes par les magistrats de l'abandon de la piste Al-Qaida, le site Media Part envoie la première salve. de révélations sur "l'affaire". Interrogé à Bruxelles sur la question, le parrain nous offre en deux minutes l'étendue de sa gamme de comédien avant de lâcher un sincère, poignant et littéraire :

"- Non pardon, hein, je ris pas du tout parce que Karachi c’est la douleur de familles et de trucs comme ça… mais… qu’est-ce que vous voulez que j’aille répondre là-dessus." (vidéo en bas de page)
C'est vrai que mêlant à la fois "les tontons flingueurs" et "les barbouzes" avec son canevas à la "San Antonio", la farce pourrait être risible si le casting n'était pas composé des plus hauts représentants de la République, dont la cupidité et les turpitudes ont peut-être conduit à la mort 11 français.

Alors la "fable grotesque" s'arrêtera t-elle à ces quelques haussements d'épaules ?
Espérons que les plus grands médias s'acharnent à démêler ce nœud de vipères avec la même force qu'ils déployèrent pour expliquer le crash mystère du Rio-Paris.

Soyons optimistes : Dans cette affaire là, nous avons déjà bien plus d'indices, de témoins encore en vie et de pistes cohérentes...


19 juin 2009

Qui sont ces femmes qui portent la culotte ?

par
[Quelque part dans une dimension parallèle du Figaro...]

Au début réservé aux sulfureux catalogues pour adultes et aux esthètes du raffinement érotique parisien, l'objet du scandale s’étale désormais jusqu’aux premières pages des catalogues de vente par correspondance les plus communs et on le retrouve dans les derniers recoins de la France la plus profonde.
Les adeptes du port du string sont souvent jeunes et proches des mouvances publicitaires qui prônent une décontraction rigoriste.

Si certaines femmes souffrent de ce bout de tissu taillé au plus court, « elles sont de plus en plus nombreuses à volontairement adopter cette tenue » précise Roger Labarre, spécialiste du sous-vêtement à La Tranche-sur-Mer (1). « - Beaucoup ont la nationalité française. Et l'on compte pas mal de converties aux séries à la con et aux magazines féminins et people dans leurs rangs !» ajoute cet ancien du Haut commissariat aux pratiques sexuelles du ministère de l'intérieur. « - Je vous l'affirme : Ça commence par un string et elles finissent par coucher. Et jamais avec moi ! » poursuit-il.

Les autorités s’inquiètent du nombre croissant en France de ces femmes libérées du slip comme on les appelle, tenant d'un féminisme radical, qui arborent fièrement ce string. Elles seraient déjà plusieurs millions.
Le GMF, Grand maillot de France, reste toutefois modéré. Il ne prescrit pas le port obligatoire du string-filet qui « n'appartient ni aux obligations sociales classiques ni aux traditions occidentales ancestrales. » Seule la rectrice du mouvement extrémiste Ni slip, Ni caleçon partisan d’une abolition totale des sous-vêtements, s'est clairement prononcée contre le port du string.

"- Les autres mouvements fessiers paraissent gênés par ce string" analyse-t-on à la Direction centrale du renseignement postérieur, car ils composent avec une autre ligne fondamentale en leur sein : Le string 2 pièces incluant le mini soutien gorge 3 tailles trop petites.


À mesure que leur port du string se propage en France, le profil de ces femmes libérées du slip se diversifie. On en trouve de plus en plus jeunes, des gamines parfois. Ce que confirme Yvan Dustèque, porte-parole d'Au Butt premier fabricant français : « - La prochaine étape c’est le string comestible pour mioches ! »
« - Il faut savoir vivre avec son époque » déclare Jean-Luc Podebal porte-parole de SSFF, String sans frontière et sans ficelle, l'union intersyndicale des fabricants. « - Il faut que La France saisisse la nature des opportunités que nous avons su dévoiler. Mères et filles s’habillent pareil. Le string devient un élément fédérateur des familles. Nous tissons du lien filial » conclut l’humaniste.
Face à cette lame de fond, de plus en plus de voix se font entendre pour un retour au bon vieux calbar qui faisait travailler l’imagination. D'autant que beaucoup de ces femmes libérées du slip font de la surenchère, laissant déborder les échancrures de leurs jeans tailles basses, provoquant de plus en plus de troubles à l’école et dans les bureaux. « - Cela nous a coûté au moins deux points de croissance cette histoire ! » déplore Christine Lagarde, Ministre de l’économie, précisant sur son facebook le soir même qu'à titre personnel, elle les préfère en dentelle.

"- Le string, c'est sur ça n'a pas toujours été facile mais ce fut mon ascenseur social à moi !" Affirme Karine, ancienne étudiante en mécanique des fluides à Paris-VI, titulaire d'un bac mention très bien. Elle apparaissait dans l'amphithéâtre bondé en laissant dépasser son string du pantalon moulant, suscitant l’intérêt des professeurs et la jalousie des autres étudiants et notamment des garçons ne pouvant se prévaloir des mêmes atouts. Après avoir décroché une très bonne note de soutenance, elle a obtenu un stage dans la prestigieuse résidence d’été du président de l’université à Ramatuelle.
Tout aussi sophistiquée, Sonia, mère de deux enfants, aime provoquer. Elle nous accueille sur le pas de sa porte en baissant son froc : « - Vous pensiez que j’avais des "Petits Bateaux" hein ? » Née catholique dans la classe moyenne de la région parisienne, elle fait partie des nombreuses converties au string qui, devant les rediffusions d'Alerte à Malibu cherchaient « un sens à leurs vies».
« - Bien sûr, j'ai d'abord rencontré un intolérant qui voulait que je porte des "Sloggi" avec salopette et anorak au boulot. Mais c'est moi qui l’ai fait évoluer vers la nouvelle chair, comme c'est écrit dans le livre [catalogue Marc Dorcel, NDLR]» raconte-t-elle.

Perdant au passage l'appui de ses parents « qui n'acceptent pas ma tenue», Sonia chérit d'autant plus « la solidarité » de ses nouvelles « sœurs » du bar routier topless, le Nasty fock, où elle officie après le bureau car "depuis 2007, les fins de mois sont compliquées".


Elle conclut avec philosophie : « Ca paraît pas mais c’est dingue ce qu’un string peut contenir comme billets ! »


Katia
, elle, a grandi à Plaisir, une ville moyenne des Yvelines. Après une adolescence banale, flirts, tournantes et sex-tape au portable, elle rate son BEP. Sentant sa vie se faner, elle ouvre ses perspectives à la capitale et commence des ménages privés pour quelques courtiers déprimés des bourses. Amoureuse d'un voisin branché cul, elle accepte de le suivre dans son fondamentalisme. Du string à l’épilation totale et graissage du corps à la margarine, en quelques années elle se laisse happer dans la spirale infernale du sex-toy.


À cette époque, elle ne s’occupe déjà plus de ses enfants qu’elle abandonne à la télévision avec les émissions d’Arthur comme modèle de réussite sociale et Victoria Silvstedt comme absolu de pouvoir et de bienséance. C'est le début de la descente aux enfers. À la maison, les poupées Barbie se promènent nues. Deux ans plus tard, Katia part vivre avec son mari en Thaïlande où les mœurs affectifs semblent être plus en accord avec les croyances du couple. Ce n’est que lorsque son mari ramène vivre au domicile conjugal trois prostituées et un transsexuel bulgare que Katia réalise son erreur :
« Tout ça c’est la faute au string ! »

« - Que voulez-vous, tant que l’on autorisera les femmes à s’étaler semi-nues sur les panneaux publicitaires au nom du progrès et de la libéralisation des mœurs, il ne faudra pas s’étonner qu’il y ait de plus en plus de viols : On est pas des moines ! » professe de son côté Beef Bare Back, fondateur du BGBFDBBB (Bon Gang-Bang français de Beef Bare Back), militant pour plus de respect dans les mouvements sexuels collectifs en cave.

De la gaine au slip puis de l’échancré au string, les femmes occidentales sont irrémédiablement entraînées parce qui s’impose comme un mouvement socio-publicitaire à l'intégrisme des plus virulents.

Il est donc urgent pour le gouvernement de légiférer sur l’interdiction du port du string en France, source des comportements déviants des petits et des grands, et véritable entrave à l’économie. D’autant que, dopés par leur opposition aux sous-vêtements passéistes et leur volonté d’être à leur tour des femmes libérées, le fondamentalisme du string déborde jusqu'aux hommes.

Il attire de plus en plus de jeunes mâles en mal de fesses galbées sans pli du slip.


(1) Auteur de "Non c'est non !" aux éditions du Gropornokitache, 2009

18 juin 2009

[video] Maison - Teaser#1

par
Fidèle lecteur. Après le «Home» de YaB qui te culpabilise sans cesse et parce qu'il est évident que la 3e saison de Secret-story ne tiendra pas ses promesses, pour te remercier de me subir* au quotidien, retrouve bientôt** sur sebmusset.net un long-métrage estival et hystérique pas sponsorisé par Pinault mais diffusé gratuitement quand même, c'est ça le plus beau :




* est-ce vraiment un cadeau ?
** on ne peut pas être plus précis.

16 juin 2009

La retraite bat son plein

par
Mon père ce cynique, m'a toujours dit : " -Fils, la retraite était l'acquis social le plus juste. Il a été crée au plus juste pour que les ouvriers puissent au mieux en profiter un à deux ans avant de crever."

Rien ne bougeait ou presque depuis 30 ans. Il fallait un réajustement... pour la prochaine fournée de retraités.

Le subtil Brice Hortefeux prépare donc psychologiquement les masses au rehaussement à 67 ans de
l’âge du départ à la retraite (+12%, on aimerait une hausse des salaires du même tonneau.)

La fenêtre de tir à polémiques est parfaite :

- Débaudruchage de la mobilisation syndicale.
- Vague porteuse avec un résultat de 12% aux élections européennes (oui mis à plat par rapport aux nombres d'inscrits, c’est tout de suite moins glorieux).
- Proximité des vacances (même si rappelons-le la moitié des Français feront semblant d'en prendre soit qu'ils n'ont pas de travail, pas d'argent ou alors un travail mais quand même pas d'argent.)

Ce qui est bien à L’UMP, c’est le côté univoque des aménagements législatifs qui profitent systématiquement aux mêmes.

Le monarque est bien conscient que :

- Les jeunots (55-65) de son électorat chouchou de 2012 (les 55-120) réalisent incrédules que leurs retraites ne vont pas être si épaisses qu'imaginées,

- leurs placements immobiliers seront moins juteux que durant ses dix dernières années où ils se sont gavés (en louant des taudis au prix du caviar à la génération d'en dessous, contribuant à sa précarisation),

- les actions c’est juré on ne les y reprendra plus (enfin que tant que ça ne reprend pas au moins +30% à l'année),

- leurs frais de santé, de yoga et de Beau-tox vont exploser,

- et, suprême guigne, que leurs propres parents sont encore vivants, que plus c'est vieux plus c'est cher, que long est parfois le chemin qui va d'Alzheimer au cimetière, que toutes ces ardoises d'assistances à la fin de vie à régler seront ça en moins à hériter,

- sans parler de ceux travaillant encore et qui veulent continuer à empocher leurs rémunérations molletonnées,

notre monarque leur prépare donc une réforme à la carte dont le carburant numéro un sera une fois de plus ceux d'en dessous, à savoir les 20-50 ans (pas réputés pour voter UMP).


Qui d'autre pour payer qu'un jeune con bien soumis à qui l'on va balancer de ce devoir de solidarité dont lui ne profite que par doses sporadiques et bien culpabilisé par ses aînés ?

Car ne comptons pas non plus sur l'autre partie de l'électorat UMP pour remplir le déficit des caisses de retraites : Elle est déjà à la retraite !

Donc, ami jeune...

Toi qui n’a pas pu rentrer dans l’entreprise de ton père parce que celui-ci refusait d’en partir ou de baisser son salaire,

toi qui doit aligner tes prétentions vers le bas et te montrer toujours plus flexible,

toi qui a du mal à te loger,

toi qui, encouragé par ces seniors qui hier te disaient que c'était de la merde, ne te contente que de sous-bouffe discount et ne lit plus que les gratuits de Bolloré en subissant les remontrances de tes parents déplorant que tes penchants gauchistes déteignent sur la qualité de ta culture et de ton alimentation,

toi qui te lève tôt et à qui l'on crache un salaire qu'eux considéreraient comme une injure,

toi qui va devoir bientôt subir un touché rectal pour récolter ton RSA de 40 euros,

toi qui, que ce soit pour se porter garant ou partir en vacances, est toujours dépendant à un moment ou un autre de la bonne volonté de cette obole jetée avec force morale par des géniteurs gênés par ta chute de standing par rapport au leur,

à toi de payer jusqu’à ton dernier souffle pour que tes aînés puissent jouir sans heurts de la trentaine d’années qui leur reste et que, dans ce laps de temps paisible et video-surveillé, ils puissent continuer à voter UMP.
Parce que ne rêve pas : Vu le déficit de tes propres caisses d'existence active, l'atomisation graduelle des remboursements médicaux à mesure que ton temps de cotisation augmentera et que tes conditions de travail se dégraderont, à la différence de tes parents ton espérance de vie va baisser. No more doctor (in the) house pour toi.

Le pire dans cette farce est une fois de plus ton fatalisme.

Depuis des années, c
ombien n’ai-je entendu chez toi et dans ton entourage de d’jeunz salariés pas spécialement épanouis de l’être, tétanisés à l'évocation qu'ils puissent faire entendre leurs droits pour ceux conscients d'en avoir, retournant leur rage contre eux via la dépression ou grattant un arrêt maladie par ci par là pour éviter de l'être et, contaminés par l'idéologique de leurs parents, allant jusqu'à cracher sur ces feignants de grévistes :

« Oh bah de toutes les façons, nous on la touchera pas la retraite alors à quoi ça sert de gueuler... »

Jeune salarié (ou mode approximatif de sous-rémunération) te voilà servi, ou plutôt serviteur : Ton rêve va devenir réalité.


P.S : Que ceux qui ont entre 50 et 60 ans et galérent aussi ne se trompent pas d'ennemi : Ils font également parti du grand rêve sarkozyste mais en tant que taux de perte toléré.

15 juin 2009

Hadopi n'a pas fini de les tuer

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Ce soir à l'international, c’est fête gratuite pour célébrer la fin (mais pas vraiment mais c’est quand même fini) d’Hadopi, la loi sparadratique sur un navire qui prend l'eau : Celui de la gestion pyramidale des flux de communication et d'information.

Nostalgie. 9 ans déjà, et une galaxie spatio-temporelle technologique depuis : Je découvrais Napster à Maisons-Alfort chez un copain qui était à la pointe de la technologie avec sa connexion 128k. Je me souviens encore du premier titre que j'ai téléchargé : Thank U d’Alanis Morrissette et de ce sentiment grisant récompensant 35 minutes d'attente, à l’écoute de la chanson au format mp3, d’entrer, ce jour pluvieux de février, dans une nouvelle dimension de la consommation musicale.

En avant la musique. Les mois qui suivirent furent, pèle-mêle, le réceptacle sur CD (à l'époque l'espace disque coûtait bonbon) de l’intégrale de Funkadelic, de Maceo, du « Spirit of the Boogie » de Kool and the gang (à ce jour toujours pas édité en CD) de multiples ajouts à ma collection de bandes originales de films grâce à des types encore plus fans que moi à l'autre bout du monde.

Surfant sur un vide juridique, face à l’absence de réaction des maisons de disques paralysées dans leur coma diabétique par sur-dose de blé, les Napsteriens n’avaient pas le sentiment de faire le mal. Ils avaient à leur disposition un logiciel simple et très bien fait, couplé à un moteur de recherche dont même mon père savait se servir.

Nous n’étions pas des pirates mais des passionnés de musique. Le pirate est l’ennemi de l’artiste, pas les fans de musique. Le pirate de l'informatique est également quelqu’un qui a des compétences dans ce domaine, ce qui était alors très loin d’être le cas des fans de musique.

Après la mise en échec de Napster en juin 2001, il y eut un moment de doute vu que la majeure partie d’entre nous n'y connaissait rien (votre rédacteur a touché, forcé et effrayé, son premier ordinateur en 1999). Très vite, deux jours je crois, un autre logiciel fit surface, encore mieux : Kazaa incluait un player et permettait de graver.

Comme Napster s'était imposé en quelques mois comme le Windows du téléchargement et que sa disparition nous plongea dans la détresse du toxico et des abysses d’inquiétude, la communauté des développeurs eut ce reflex sain de diversifier l’offre, cassant les monopoles et compliquant les tentatives de répression.

Côté musique c’était toujours le gavage, côté informatique c'était encore la préhistoire. Dès qu'un nouveau logiciel bugait ou était condamné par quelque obscur cour locale, tout se soignait d'un coup de google et l'on trouvait dans la minute un nouveau soft p2p "révolutionnaire" développé par les meilleurs programmeurs du monde (qui auraient très bien pu officier pour Monsieur Nègre si celui-ci avait bougé le petit doigt, son cerveau et le chéquier qui va avec).

Ce fut un long et nonchalant bonheur de six ans où les logiciels se perfectionnèrent sur fond de forte hausse du taux d’équipement et de généralisation de l’ADSL. Six ans : Une vie pour un ado, deux sur le réseau. Pour les autres, même s'ils s'en défendent, le pli était pri.

C’était dans les premières semaines de Napster qu’il fallait introduire la notion de paiement à l'acte. La plupart d’entre nous étions alors plus fascinés par la facilité, la multitude de l'offre et la rapidité (35 minutes, pfff…) du logiciel que par son côté gratuit qui apparaissait comme la cerise sur le gâteau.

Mais non, l'industrie du disque pourtant déjà bien fusionnée s'évertuait à se chamailler, chacun voulant tirer l'exclusivité d'une "norme" qui ferait loi. Pour une fois, c'est le principe de réalité virtuelle qui fit loi. Mp3 égalait gratuit et en moins de six ans, musique égalait Mp3. Tandis que la jeunesse du monde s'engouffrait dans la brèche, les gouvernements de l'époque, et notamment le notre, tâtaient à peine du mulot.

Vint 2007 et la nouvelle génération de processeur monarchique, Pensum 2. La droite française toujours à la pointe du « progrès » et de la défense des puissants, prit en grippe les méchants mélomanes du réseau et se mit en tête à l’instar des sans papiers, des chômeurs, des grévistes, des écoliers, d'eux aussi les rendre criminels en usant de sa méthode de gestion favorite : la peur.

Patatras. Grâce à ce marketing de la « peur », auquel vinrent s'adjoindre pachydermie et méconnaissance, ce gouvernement aura réussi à intéresser foultitude d’internautes à des questions de base que, aveuglés par le boum technologie et cette fuite exponentielle en avant des capacités d’information et de divertissement qu'offre internet, ils ne se posaient même plus :

- « Est-ce criminel d’aimer la musique ? »

- « Pourquoi devrais-je réduire mes libertés individuelles au seul nom du portefeuille de Pascal Nègre ? »

- « Si le pouvoir se met à contrôler et à me réprimander pour ce que j’écoute, pourquoi ne étendrait-il pas un jour prochain son champ d'action à ce que j’apprends sur internet, ce que je lis sur internet, ce que je que dis sur internet ou… ce que je suis sur internet ? »

2008, le gouvernement s'entêta dans sa prohibition et le fit savoir à grands coups d'éclats plein de morgue où l'internaute pu constater :
1 / des lacunes technico-générationelles fondamentales de ce gouvernement
2 / De sa lacune du fondement démocratique.
3 / Qu'à défaut, le petit 2 se substituerait dans la force et l'iniquité au petit 1.

Poursuivant son petit bonhomme de chemin à contre sens de l'histoire, appelant à une répression discrétionnaire tout en s'adjoignant le soutien des artistes ayant le plus d'écoute (et de droits Sacem)[1] pour défendre l'intérêt de ceux qui n'ont jamais la parole (et pas de droits Sacem), ce gouvernement aura réussi l'exploit d'orienter les internautes (simple consommateurs non-geeks) vers ces obscurs concepts qui n’avaient alors aucun sens pour eux : IP anonyme, proxy, firewall, libertés individuelles… et d'ainsi développer chez eux des qualifications techniques et des réflexes républicains qu'ils n’auraient jamais du avoir.

Chacun surfe désormais bien plus sécurisé, télécharge bien plus tranquillement, déterminer à contourner VOLONTAIREMENT d'hypothétiques barrières, tout en s'intéressant de plus en plus près au travail législatif de ses élus. Ce que, jusqu’alors, la plupart ne faisait pas.

L’idée même d’une loi anti pirate ne peut que générer une seule chose : des pirates dans le sens initial du terme : Des gens qui esquivent et s'emparent à la fois des contenus et du contenant.

Au-delà de la musique (aujourd'hui concept largement dématérialisé), Internet (média délaissé 10 ans par la génération au pouvoir) représente pour la plupart de ses utilisateurs un média complet, infiniment plus riche en informations et analyses que ceux conventionnels (classés à tort ou à raison affidés du pouvoir), un média dont l'oxygène semble est la gratuité. S'il y a modèle économique, il est à la carte suivant les niches, les audiences et les services proposés. Il ne répond à aucune loi si ce n'est au désidérata de l'émetteur.

Cette histoire de liberté des mœurs qui commence avec Napster et n'en finit pas avec Hadopi est un nouvel exemple de l'absurdité de lois purement répressives : A court terme le but parait atteint mais en retour cela génère bien plus d’effets contre-productifs pour l’instigateur du décret.

la loi Hadopi est une loi d'arrière-garde, en revanche le combat contre Hadopi est à l'avant-garde des libertés de demain. Difficilement analysable aujourd'hui puisque l'histoire s'écrit par morceaux et sur forums, une ligne de résistance est née sur internet [2] qui sera célébrée ce soir, en musique. Comme la prohibition, la liberté sexuelle, le combat en cours est celui de la liberté d'émettre, d'échanger, de s'informer, de se rencontrer et le choix de faire tout cela pour rien, ou presque.

Merci à Monsieur le Processeur de la République, merci à sa carte mère Albanel, merci à l'anti-virus Lefebvre [3] d'avoir défoncé les portes d'un nouveau combat pour l'émancipation et la revendication de nos libertés. Notre génération en avait grand besoin.

[1] Tout est une question de point de vue. Reprenons l'exemple du boulanger de Monsieur Arditti : Si je pars de la boulangerie sans payer ma baguette, je suis un voleur. Certes, dans le cas où l'artiste serait le boulanger. Si l'artiste est le fabricant de farine et le provider un boulanger, une haute autorité de la levure doit-elle me contraindre à payer chaque bouchée de ma baguette ?

[2] Pour que dans 20 ans elle puisse dire avec émotion, "tain j’faisais partie de cette génération qui a nettoyé les vieux cons !"

[3] Powered by Windows 98.

14 juin 2009

Vie de droite : Clash à la supérette

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Caniculaire après-midi de juin dans une supérette du VIe arrondissement de Paris :

Sur la pointe des pieds Poupilou, jeune adulte un peu gauche à la barbe mal taillée, cherche dans le rayon du haut la dernière boite medium-hot d’un pot de salsa Old El Paso pour les tacos de "Cœur". Sa concubine, chargée de clientèle a la Banque Nationale des Pourris, a laissé ses consignes nutritives pour la soirée sous la forme d'un post-it couleur prune à l'écriture appliquée collé bien en vu sur ce hub de communication pour les tourtereaux aux horaires décalés qu'est la machine à expresso :

"20h20 : Diner Mexicain"

Embarrassé par sa sacoche de commercial en peau de plastoque contenant son trooperwar pour le repas du midi, le trentenaire peine. La sueur coule sur les tempes de l'homme. Il est fébrile à l'idée que les tacos et le verre de limonade 0% ne soient pas disposés comme il faut dans les assiettes carrées sur la table basse Heil-kea lorsque sa moitié de revenus reviendra de la mine climatisée. Après quelques semaines d'adoucissement du discours pour cause de plan de soutien impopulaire, sur les consignes du chef de secteur, Coeur pomponnée renoue avec sa joyeuse tradition, à savoir la jongle entre deux options :

- "Monsieur Misère, vous êtes encore à découvert !"


et

- "Monsieur Crésus pourquoi ne vous endetteriez-vous pas un peu plus ?"

Heure de retour estimée de Coeur : Juste avant Plus belle la vie. Il ne reste que trois heures à Poupilou et cette maudite boite de salsa lui échappe des doigts à l'injuste motif qu'il est trop bas ! Déjà deux supérettes en rupture de stock, maudits grévistes. Si le sort s'acharne, il va devoir aller chez le traiteur, Quiche de pain ou Kwick Beurgeur.

Arrive sur son flanc droit, Georgette Baron. C'est la prototype standard des dames âgées plutôt thunées qui noyautent le quartier, rageant sur les velib' alors qu'elles sont au milieu des pistes cyclables et éparpillant les ardoises dans des petits commerces de moins en moins conciliants. Age dur à déterminer : Entre cellophane et déliquescence suivant les surfaces piquouzées au Beau-tox low-cost. Voyant ce jeune en plein effort, sans un bonjour, l'adepte des petits plaisirs solitaires lui demande d’une voix sèche :

- "Où puis-je trouver le lait concentré sucré ?"

Poupilou stoppe net sa quête au taco. Une idée impropre traverse l'esprit du maillon faible : "Tiens mon costume de jeune signifierait donc que je suis 1 / un esclave 2 / un esclave à qui l’on s’adresse comme un chien ?" Profitant de ce moment de vide, Georgette Baron s’impose.

- "Non parce que là je cherche partout, je trouve rien, c’est vraiment mal rangé ce magasin !" Lui claque t-elle d'un regard qui signifie "toi, mon petit gars, un mot à la direction et tu te retrouves au pôle emploi !"

Comme le bourge, même et surtout croulant, a une prédisposition manifeste à la haine et à se faire servir sur le champ, à Paris 6 comme dans la téci la tension peut vite monter d’un cran. Par chance, Georgette n’a pas de canne : Poupilou se serait fait péter les tibias.

- "C'est quand même invraisemblable ce magasin !" Reproche t-elle à un Poupilou qui fond dans ses converses.

Poupilou de Cachan, envoyé en mission commerciale par son boss en arnaques à la téléphonie dans une échoppe du centre des richards, n'est pas encore fait aux us et coutumes du quartier. Mais, du stage au mariage, ayant intégré la soumission comme facteur d'évolution trans-catégories, devant la pression gériatrique (renommée depuis le 7 juin 2009, la force des 28% qui votent encore) et alors que les vigiles postés à l'entrée du magasin commencent à s'intéresser à cette tête de Tarnac, il avoue gêné :

- "Mais je travaille pas ici M'dame... Je suis client comme vous."


Laminé par la détermination de Georgette et son regard de braise, Poupilou baisse la tête et lâche un fiotteux :

- "Le lait c’est par là M'dame."

Pas un merci, pas une excuse, Georgette Baron s’en va ronchon, des fantasmes au Karcher plein la tête.

- "Quelle génération de mollassons !"

Poupilou, lui, à défaut de condiment ad-hoc se prendra encore la saucée.

VDD.

ci-dessous : "Poupilou" (source : doudouplanet.com)

12 juin 2009

Tracabilité (du pognon) des vaches

par
Ne proposant pas assez de nouvelles pistes pour améliorer notre oppressant quotidien, j'ai décidé d'être constructif :

Pour en finir avec les litiges sur le prix du vente du lait, faisons pression sur nos élus européens pour qu'ils légifèrent enfin sur un étiquetage obligatoire (en plus des calories au 100/ml) décrivant la filière thune et la valeur pognon-métrique des produits de consommation les plus indispensables. D'après les producteurs de lait, ils n'ont jamais été aussi mal payés par ceux qui nous le vendent toujours plus cher, j'ai nommé la grande distribution : Cette invention française made-in-De Gaulle qui allie le pire du capitalisme au pire du communisme.

La traçabilité des marges et des frais : Un pas de plus vers la transparence et l'information client. A l'époque du fichage généralisé, fichons le pognon du lait !

Aujourd'hui
pour un litre de demi-écrémé produit à moins de 100 kilomètres de chez toi et acheté chez Intersection, cela donnerait à peu près ça* : (à 2 ou 3 virgules près, en données corrigées des variations saisonnières de la rapacité des trust et de la fluctuation du Yen à la bourse de Shanghai. Double-clique pour agrandir)

* Un pack de lait bien opaque.

11 juin 2009

Quand l'info rend schizo (Hadopi enhanced)

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Hier soir, je rentre à mon home ragaillardi par l'annonce sur Twitter de la censure des censeurs. Je décide donc pour vérifier tout cela et écouter ce qu'aurait à en dire l'Albanel au JT de Pujadas. Propre et net : Cet Hadopi me semble bien fini. Reste que la bataille ne fait que commencer et que j'ai de plus en plus le sentiment que ce feuilleton par artistes crédules interposés, écrit pour foirer, n'était qu'un leurre pour faire oublier Loppsi.

Célébrons dans la confiance mais ne nous laissons pas endormir par cette victoire. Tapi dans les propositions de décrets, se cache encore pour chaque citoyen un bien plus grand malheur que la fin "hypothétique" de la rente de situation de Didier Barbelivien.


Donc, fini la fête. Attaquons le cœur du billet.

Emporté par la fougue légendaire du présentateur, je regarde la suite de son JT d'hier et je tombe sur ça. Deux sujets à la suite, aux conclusions contradictoires, qui laissent comme un arrière-goût de culpabilité. Sur le ton du commentaire, je vous laisse juger...


S'ils sont si doués à France 2, qu'ils nous expliquent comment ils éduquent leurs enfants ! (si possible entre les deux sujets.)

Suggestion de réponse :
- Ah bah, je sais pas... J'bosse au JT. Gros salaire, beaucoup de responsabilités. C'est la nounou qui s'en occupe.

2eme suggestion :
- Ta gueule coco : une audience coupable est une audience captive !

Trop. Pas Assez. Ces parents... de vrais enfants.

10 juin 2009

Osram, le nouveau monde est un chien écrasé

par
La direction d'OSRAM n'est pas du genre à draper son poing américain de velours : C'était la baisse des salaires ou la porte. Comme des salariés ont encore de la dignité, le fabricant d'ampoules licencie 108 employés victimes (collatérales mon œil) de la fin des lampes à incandescence décrétée par l'Europe.

Ce fut l'objet d'une brève de 10 secondes en fin de journal sur France Inter ce matin. Après la possibilité d'une carabine à la maternelle, après l'aileron de l'airbus, après les sempiternels atermoiements dans la fausse commune du PS... Au moins, la station en aura parlé.


Un grand média à une heure de grande écoute va t-il un jour faire le constat et dresser une analyse avec des mots simples (car c'est très simple) de ce qui se joue actuellement ? A savoir :

- Le calibrage des salaires vers le bas pour la sauvegarde des marges de ceux qui ont déjà beaucoup trop.

- La destruction progressive des protections du travailleur (avec généralisation progressive à toutes les autres catégories : Retraités, enfants, handicapés...).

- La lente capture des masses laborieuses dans une logique de compétition et de résultats qui étouffera toute velléité de révolte chez le faible solitaire (qui se croira fort) et profitera encore plus à la collective des forts (qui sait, elle, où et comment l'on débusque l'effort au meilleur coût) : Que l'individu devienne un esclave privé, esclave et patron dans un même corps. Auto-entrepreneur, salarié sous-payé ou esclave à domicile via le télé-travail : Seul contre les autres (donc toujours perdant).

Pour les courageux candidats à des salaires en récession sachez qu'Osram recrute toujours...

Par ailleurs, j'ai cherché une trace du dégazage salarial sur le site de l'entreprise.

Rien trouvé. Ou presque : Si l'on sait lire entre les lignes de la newsletter de janvier :


Remplaçons le terme "ampoules" par "salariés" et nous y serons. Dans le reste du communiqué, il est question "d'écologie", "d'économie" pour l'usager mais jamais de "production".


Retour en vidéo sur ce sujet et sur l'intox de Frédéric Lefebvre concernant le travail durant les arrêts-maladies lancée pour introduire l'opinion à l'idée que le télé-travail c'est sensass. Petit retour également sur le statut d'auto-entrepreneur... et autres ingrédients du cocktail du nouveau monde.




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