5 mai 2009

Combien de temps ?


Nous entrons, peu confiants, dans notre troisième année en Sarkozie. Le plus désolant dans l'histoire : Si les élections se déroulaient aujourd'hui, malgré son ratage sur toute la ligne, l'homme serait réélu.

Les arguments, on les connaît. Il suffisait d'écouter la libre-antenne des auditeurs hier sur Europe 1 (à 21.50 sur ce lien) pour en avoir un bon panel (100% des appels soutenant l'action présidentielle) :

- Il nous représente bien à l'étranger. (Amusant d'entendre cet argument dans la bouche de gens qui ne voyagent la plupart du temps qu'en club med' et ne parlent couramment qu'une langue.)

- Il s'active et il est jeune.
(Comparé à son électorat à deux tiers composé de retraités, c'est certain.)

- Est-ce que Royal aurait fait mieux ?
(Sempiternelle menace fantôme
qui permet d'esquiver les constats, eux, très concrets.)
Le classique : - Ce n'est pas de sa faute si les français sont ingouvernables.

Non vraiment rien à redire. Le seul défaut qui lui sera reproché par les auditeurs d'Europe 1 c'est de ne pas aller assez loin dans les réformes.

* * *

Au fil de mes récentes pérégrinations chez les bouquinistes des quais de Seine, je suis tombé sur un livre de chroniques, un triomphe, signé Eric Neuhoff et
publié en 1983 chez Olivier Orban.

L'auteur, qui n'a alors pas trente ans, évoque dans le chapitre - Garde à vous ! - son désarroi au terme de la deuxième année de présidence de Mitterrand.


Inversez les mots droite avec gauche, socialisme avec sarkozysme, Jours de France avec Marianne et, avec le recul d'un quart de siècle, cet extrait à toutes les raisons de rendre optimiste les anti-UMP primaires que nous sommes majoritairement* (à condition bien sur d'attendre 13 ans que ce régime démantibule La France selon le schéma du kit néolibéral) :

"Quitte à chagriner nos parents, la voisine du dessus et même les lecteurs de "Jours de France", la gauche est là pour longtemps. Quinze, vingt ans dans ces eaux-là. Vous aurez un Mitterrand ou un autre, un de ses "cadets" fringants qui ne demandent que ça, qui piaffent dans les couloirs de La Rue de Solférino. [...] Ça n'est pas tellement que le socialisme emballe les français, mais vous savez comment est le peuple, peu enthousiaste, toujours lent à réaliser, à se secouer. Le changement, le changement, maintenant qu'ils ont pris leur parti, qu'ils ont leur nid dedans, il n'est plus question de venir bouleverser tout ça. Le changement, c'est comme les éboueurs à Noël, on ne donne qu'une fois. Dès qu'un pouvoir est en place, c'est toute une histoire, une affaire d'état pour modifier les choses. Une gauche qui les désole, les a déçus, gêne moins les électeurs, finalement, qu'une droite dont ils ne sont plus certains, une droite qui n'est plus une droite, qui a peur de dire son nom. [...] En guise de roue de secours, nous avons, par bonheur pour l'Elysée, la droite la plus molle, la plus indécise, une droite qui boude dans son cagibi."

Pas de secret : Sans gauche d'opposition frontale renouant sans honte avec ses fondamentaux, le petit homme aux gros sabots a un boulevard électoral qui s'offre à lui.

* si, si vos courriels vous trahissent.

6 comments:

jide a dit…

Tu rejoins en plus détaillé une citation qui m'a bien plu, et que je reportait ce matin chez moi:

« La révolution, c’est d’abord une rupture. Celui qui n’accepte pas cette rupture avec l’ordre établi, avec la société capitaliste, celui-là ne peut pas être adhérent du Parti socialiste. »

Mais de qui est-elle donc ???

http://jide.romandie.com

Denis a dit…

[...] Il nous représente bien à l'étranger [...]Mouais, à part en Italie il me semble que la presse étrangère le tire au boulet rouge. Bien sur pendant les élections ils ont cru le personnage comme 53,06% des français. Mais à ce jour, ils le voient d'autre autre oeil.

Comme souligné dans ton billet, les auditeurs ne savent pas parler autre chose que du français.

Bertrand Riviere a dit…

Je viens de lire vos articles et je dois vous dire merci.
Merci de retranscrire avec ce talent, ce style vigoureux, les pathétiques soubresauts de notre "civilisation" occidentale déclinante. C'est ce genre de plume acérée et sans concession qui convient pour décrire ces temps historiques.
Je vous ai illico placé dans la liste des 'indispensables' sur mon modeste blog américanophobe primaire que je vous invite à visiter à l'occasion.
http://gaideclin.blogspot.com/

Bravo à vous et longue vie à votre excellent blog.
Amitiés,
/Bertrand

Anonyme a dit…

Bras droit ou bras gauche, c'est bien la (même) tête qui gouverne, non?

Un autre Séb

BiBi a dit…

Bonjour,
BiBi avait déjà fait ce cauchemar... En tous les cas, il tombait dans la nuit du Premier Avril. Aussi, BiBi s'est dit que c'était sûrement un bien piètre Poisson du Mois. BiBi en a fait tout un article ("2012 : les cris de victoire de Little Nikos")sur son blog.
Seulement en le relisant, il a bien peur que ce Poisson n'en soit pas un. Aussi BiBi t'invite à venir le lire...car son article rejoint un peu le tien.
A bibientôt de te lire.

Anonyme a dit…

Bonsoir !
A 1000 % d'accord avec le renouement de la Gauche avec ses fondamentaux. Une Gauche Frontale OK !

Et bien elle se construit la Gauche Frontale. Elle est même déjà bien présente. Rassemblement de toutes les Gauches de Combat :

http://www.frontdegauche.eu/
http://www.lepartidegauche.fr/

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